Interactions sur la vaccination

Il n’est pas possible de conclure de façon globale sur l’efficacité des actions d’information et de sensibilisation de la population pour augmenter la couverture vaccinale, en raison de la grande hétérogénéité des interventions composant cette catégorie et des résultats contradictoires obtenus (Stone et al. 2002; Harvey et al. 2015). Nous avons donc réalisé une fiche différente pour quatre types d’interventions : la mise à disposition de documentation pour la population seule, les interactions au sujet de la vaccination, les campagnes médiatiques et les interventions combinées avec au moins une action d’information et de sensibilisation de la population.

Cette fiche est consacrée aux situations d’interactions sur la vaccination. Ce type d’interventions renvoie à un échange d’idées et/ou d’opinions entre deux personnes ou plus, sur le thème de la vaccination. L’interaction peut avoir lieu en face-à-face ou être réalisée par le biais de matériel (téléphone, ordinateur…). Il peut s’agir d’un échange individuel (1 à 1) ou collectif, avec un professionnel de santé ou avec des pairs. Les interventions basées sur des interactions renvoient à une grande variété de situations (présentation orale, groupe de discussion, contact par téléphone, entretien individuel à domicile ou dans un lieu de soins, etc.), mais la majorité des interventions évaluées sont des interactions individuelles en face-à-face avec un professionnel formé. Ce type d’interventions est particulièrement adapté aux publics parlant leur langue native ou ayant des difficultés d’expression (Kaufman et al. 2013).

Impact attendu

Augmentation de la couverture vaccinale.

Autres impacts possibles

Amélioration des connaissances et attitudes vis-à-vis de la vaccination.

Réduction de l’hésitation vaccinale.

Preuves scientifiques de l’efficacité

Vue d’ensemble

Il n’y a pas de preuves suffisantes pour conclure à l’efficacité ou l’inefficacité des situations d’interactions pour augmenter la couverture vaccinale (Harvey et al. 2015; Kaufman et al. 2013; Isenor et al. 2016; Usami et al. 2009) et améliorer les connaissances et attitudes de la population sur la vaccination (Kaufman et al. 2013). En effet, les résultats observés dans la littérature sont contradictoires et proviennent le plus souvent d’études de qualité médiocre sur le plan méthodologique. Il n’y a par contre pas assez d’études pour évaluer l’efficacité de ce type d’interventions pour agir sur l’hésitation vaccinale (Dubé et al. 2015).

Efficacité selon les groupes de population et les vaccins

L’efficacité des situations d’interactions a été démontrée pour les personnes âgées (Isenor et al. 2016; Usami et al. 2009; Krieger et al. 2000), mais pas pour les parents (résultats contradictoires). Une méta-analyse fait état d’une augmentation moyenne de 12 % de la couverture vaccinale des enfants dans le groupe des parents ayant discuté en face-à-face avec un professionnel, par rapport au groupe contrôle ayant reçu une brochure d’information (Harvey et al. 2015). Une autre étude a relevé un effet incertain de ce type d’interventions sur la couverture vaccinale des enfants, qu’il s’agisse d’une ou plusieurs sessions (Kaufman et al. 2013).

Efficacité selon les modalités d’intervention

L’efficacité des actions basées sur l’information et la diffusion de conseils personnalisés par les pharmaciens aux personnes âgées a été relevée pour différents vaccins et dans différents pays (Isenor et al. 2016; Usami et al. 2009). Les personnes âgées ayant bénéficié d’une telle intervention auraient environ 3 fois plus de chances de se faire vacciner que les autres (Isenor et al. 2016).

Aspects médico-économiques

Il n’y a pas suffisamment d’éléments disponibles dans la littérature sur cet aspect.

Interventions prometteuses

Certaines modalités d’intervention semblent prometteuses pour augmenter la couverture vaccinale en raison de résultats encourageants, mais ont été insuffisamment évaluées à ce jour. Il s’agit par exemple des interactions avec des pairs (Krieger et al. 2000), des dialogues via les réseaux sociaux (Jarrett et al. 2015), ou encore des entretiens motivationnels, dont l’efficacité a été démontrée pour promouvoir l’adoption de différents comportements de santé, mais pas pour le recours à la vaccination (Lundahl et al. 2013).

Impact sur les inégalités

Il n’y a pas suffisamment d’éléments disponibles dans la littérature sur cet aspect.

Exemple

Seattle Senior Immunization Project (Krieger et al. 2000)

Des personnes âgées fréquentant un centre pour séniors de Seattle aux Etats-Unis ont été recrutées sur la base du volontariat pour promouvoir les vaccinations pneumocoque et grippe auprès de leurs pairs. Après avoir reçu une formation, elles ont contacté par téléphone des personnes fréquentant le même centre, pour discuter avec elles de la vaccination et les encourager à y recourir. Ce programme, d’une durée de 6 semaines, a permis l’augmentation de la couverture vaccinale pour ces deux vaccins (+ 10 points de pourcentage). Le coût du programme s’est élevé à 14 106 $ (soit environ 12 000 €), pour 530 personnes ayant bénéficié de l’intervention. Le coût par personne vaccinée supplémentaire a été estimé à 205 $ (environ 175 €) pour le vaccin pneumocoque et 380 $ (environ 320 €) pour le vaccin contre la grippe.