Accidents de la route

Un accident de la circulation résulte le plus souvent de la conjonction de multiples éléments. Si le comportement des conducteurs est à l›origine de la majorité des accidents de la circulation, la conception et l’aménagement des infrastructures routières peuvent également avoir un impact sur la survenue et la gravité d’accidents de la route.

 

Définitions, précisions

  • Les accidents de la route recouvrent un ensemble varié de situations, selon le lieu et le type de route (espace urbain ou rural), les personnes impliquées et les victimes (véhicules automobiles, deux roues, cyclistes, piétons…) et les causes de l’accident (alcool, vitesse, téléphone, fatigue…) ;
  • En milieu urbain, les accidents impliquent souvent des piétons et concernent généralement le moment de la traversée. En effet, la traversée de la rue est un moment critique pour le piéton, qui l’expose fortement à un risque d’accident : 88 % des piétons ont été tués alors qu’ils traversaient la rue (1).

Principaux déterminants de la survenue d’accidents de la route

Différents facteurs sont susceptibles d’avoir une influence sur le nombre et la gravité des accidents de la route impliquant des piétons : ils sont liés à la fois au trafic routier, aux infrastructures routières et à leur aménagement, ou encore au comportement des usagers (2).

Le volume de trafic et la vitesse de circulation

  • Le volume de trafic et la vitesse de circulation jouent un rôle prépondérant dans le risque de survenue et la gravité des blessures chez le piéton ;
  • Le nombre et la gravité des collisions ont tendance à augmenter avec la vitesse, qui diminue le champ de vision des conducteurs et accroit la distance d’arrêt des véhicules, deux facteurs qui réduisent la probabilité qu’un conducteur parvienne à immobiliser son véhicule à temps pour éviter une collision ou à ralentir suffisamment pour éviter une collision avec blessures graves. Par exemple, un piéton renversé par un véhicule qui roule à 50 km/h a une probabilité de décéder qui est d’environ 70 %, contre environ 10 % à 30 km/h.

La configuration et l’aménagement des voies de circulation

  • L’absence d’aménagements séparés pour les piétons et les cyclistes, comme des trottoirs et des pistes cyclables, crée un risque élevé pour ces usagers ;
  • Le risque de collision entre les automobilistes et les piétons augmente avec :
    • Le nombre et la largeur des voies, le nombre d’intersections (3) ;
    • Le nombre de points de conflits (emplacements où la trajectoire de deux véhicules, ou d’un véhicule et d’un cycliste ou un piéton se croisent ou s’entrecoupent) ;
    • La présence d’obstacles visuels (la visibilité des usagers de mobilité douce permettant une meilleure anticipation par les conducteurs) (4) ;
    • La présence de différentiels de vitesse au sein d’un flux de circulation (5).
  • A l’inverse, le risque de collision diminue avec (6) :
    • La présence de voies étroites ;
    • La présence d’arbres le long des voies ;
    • L’aménagement de carrefours giratoires plutôt que d’intersections et notamment des giratoires à une voie;
    • Les mesures d’apaisement de la circulation.
  • Le risque de collision entre les automobilistes et les cyclistes augmente avec le nombre d’intersections, la présence d’arrêts d’autobus ou encore la présence d’activités commerciales (en particulier grandes surfaces et rues commerçantes) (7).

Impacts sanitaires des accidents de la route

  • Les accidents de la route constituent la première cause de décès chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans et la première cause de décès au travail en France. Ils peuvent engendrer des séquelles cognitives ou physiques importantes, avec des niveaux de handicap plus ou moins prononcés. On estime que, parmi les personnes blessées lors d’un accident de la route, environ 1 sur 10 gardera des séquelles lourdes suite à son accident, physiques ou psychologiques (Observatoire national interministériel de la sécurité routière) ;
  • En 2016, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, 333 personnes ont perdu la vie et 6 826 ont été blessées dans un accident de la route. Parmi les personnes décédées, 1 sur 6 (15,6 %) étaient des piétons et 4,2 % des cyclistes ;
  • Au-delà des aspects purement médicaux, les conséquences des accidents de la route sont dans bien des cas de longue durée - voire permanentes - et peuvent concerner tous les aspects de l’activité humaine : aspects fonctionnels (douleur, fatigue, mobilité, activités quotidiennes...), santé mentale (syndrome de stress post-traumatique ou de stress aigu, dépression, anxiété, phobie de la conduite...), vie sociale et affective, vie professionnelle (absentéisme, réorientation...) et incidence économique et financière (perte de revenus...). Souvent, l’impact ne se fait pas uniquement ressentir pour la victime mais également pour l’entourage, les proches devant dans certains cas réaménager leur vie privée et/ou professionnelle pour pouvoir s’occuper de la victime blessée (8) ;
  • Enfin, la régularité et l’intensité des accidents peuvent créer parmi les témoins ou les habitants du quartier concerné un sentiment d’insécurité pouvant impacter la mobilité des individus (notamment les mobilités douces) et leur bien-être.

Zoom sur les populations vulnérables

Certaines populations sont particulièrement vulnérables au moment de la traversée : les enfants, les personnes âgées et les personnes à mobilité réduite. Ces populations sont en effet plus spécifiquement concernées par des difficultés de déplacement, parfois couplées à des problématiques liées à la prise de décisions sécuritaires.

Les personnes âgées

  • En 2013, parmi les accidents impliquant des piétons survenus en Europe, 44 % concernaient des personnes âgées. La classe d’âge des 75 ans ou plus était deux fois plus touchée que celle des 65-74 ans. Les femmes âgées de plus de 70 ans constituaient la population la plus à risque ;
  • 86 % des accidents impliquant des piétons âgés ont lieu en milieu urbain. La grande majorité d’entre eux ont lieu à moins de 500 m de leur lieu de résidence ;
  • Les personnes âgées prennent peu de risque lors de leurs déplacements piétons (traversée au feu rouge, en dehors des passages piétons…) ;
  • Les situations particulièrement à risque pour les personnes âgées sont (9) :
  • La traversée d’une intersection sans feux ou d’une rue large : c’est lié au fait que les personnes âgées rencontrent des difficultés à prendre des décisions sécuritaires lors de la traversée (difficulté à évaluer le créneau de temps nécessaire pour traverser et à apprécier la vitesse d’approche des véhicules). La peur de tomber peut également les rendre moins attentifs à leur environnement ;
  • Lorsqu’un véhicule tourne à gauche à une intersection ou fait demi-tour ;
  • Lors de la chute de la personne âgée sur la route, ce qui arrive le plus souvent sur des revêtements irréguliers.
  • Les personnes âgées ont tendance à recourir à certaines stratégies pour éviter les risques, comme éviter les secteurs à fort trafic automobile, traverser uniquement à des passages piétons perçus comme sûrs, planifier leur trajet en fonction des aménagements piétons existants.

Les enfants

  • L’enfant a des limites au niveau de son développement cognitif, physique, psychomoteur et perceptuel qui le rend vulnérable dans la circulation. Des chercheurs en sécurité routière se sont inspirés du cadre théorique développé par Piaget sur le développement cognitif des enfants, pour montrer les limites des enfants de différents âges à faire face à la circulation (10) ;
  • Les enfants jeunes (5-9 ans) sont particulièrement à risque en tant que piétons et les enfants plus âgés (10-14 ans) sont davantage concernés par les blessures en tant que cyclistes ;
  • Différents facteurs favorisent la survenue d’accidents de la route impliquant des enfants (10) :
  • Un volume et une vitesse de circulation des véhicules élevés, la présence de plusieurs voies de circulation, plutôt qu’une seule (facteurs de risque non spécifiques à cette population) ;
  • La présence d’obstacles visuels, comme celle de véhicules stationnés sur le bord de la route.
  • La présence de davantage de rues à 30 km/h et d’intersections avec feux piétons, ou encore des dépose-minutes aux abords des écoles sont au contraire des facteurs protecteurs.

Pistes d’actions qui pourraient être envisagées pour limiter la survenue d’accidents de la route

De multiples stratégies peuvent être mises en place – et dans l’idéal cumulées – pour améliorer la sécurité des piétons et des cyclistes et limiter les risques de survenue d’accidents de la route (11) :

Mettre en place des mesures de réduction de la vitesse

  • Aménager les rues en s’inspirant du concept de zone 30 favorise un partage équilibré entre les usagers des différents modes de transport et facilite les déplacements actifs ;
  • Autoriser une limite de vitesse maximale de 30 km/h dans les rues locales ;
  • La signalisation ne pouvant suffire à elle seule à abaisser la vitesse pratiquée, des aménagements doivent être effectués afin de rendre l’environnement routier cohérent avec la vitesse souhaitée :
  • Réduire la largeur des voies (largeur de 3m à 3,5 m recommandée pour les rues locales) ;
  • Prévoir des contraintes physiques : courbes, désaxements de la chaussée (chicanes), déviations verticales (passages pour piétons surélevés, coussins berlinois, dos d’âne allongés…).

Point de vigilance

Les stratégies d’apaisement peuvent occasionner des différentiels de vitesse, par exemple, lorsque les conducteurs ralentissent pour traverser un dos d’âne allongé et accélèrent par la suite. Ces différentiels peuvent alors créer de nouveaux risques pour les piétons ou cyclistes et posent également des questions sur le plan de la pollution atmosphérique et du bruit.

  • Limiter le nombre de points de conflits, notamment en favorisant les giratoires aux intersections ;

Améliorer la visibilité et réduire l’exposition aux risques des piétons et cyclistes

Mettre en place des aménagements favorables à la sécurité des piétons et cyclistes :

  • Prévoir des dispositifs de traversée sécurisés pour les piétons :
    • Saillies de trottoirs qui améliorent la visibilité des piétons et réduisent les distances de traversée ;
    • Présence de feux pour piétons avec phase protégée ;
    • Passages protégés surélevés ;
    • Abaissement aux intersections et aux passages piétonniers ;

Réaliser des aménagements sécurisés pour les cyclistes

  • Séparer le trafic motorisé du trafic cycliste ;
  • Aménager des infrastructures aux intersections (traverses colorées avec marquage et chevrons, giratoires avec pistes cyclables sans priorité aux usagers du vélo) ;
  • Planifier l’installation d’éclairage qui augmente le champ de vision des piétons et des cyclistes et permet de repérer les obstacles et dangers potentiels sur la voie, tout en s’assurant de ne pas engendrer de nuisances pour les riverains.

Développer des actions ciblant spécifiquement les usagers les plus vulnérables

Les personnes âgées

  • Réaliser des aménagements favorisant la traversée sécurisée des personnes âgées aux intersections :
    • Privilégier les intersections avec feux et passages protégés ;
    • Installer des signalisations lumineuses indiquant la traversée des piétons et des marquages réfléchissants au sol ;
    • Ajuster la signalisation par feux pour permettre aux personnes âgées de traverser à leur rythme;
    • Privilégier les feux avec une phase exclusivement piétonne ;
    • Prévoir des Îlots centraux ou saillies de trottoir en cas de rue large.

Les enfants

  • Mettre en place un programme visant à favoriser et sécuriser les trajets domicile école, en s’inspirant des programmes menés aux Etats-Unis et au Québec (exemples : « Safe Routes to School », « Mon école à pied, à vélo ») (10). Ces programmes intègrent des mesures de sécurisation :
    • Du quartier (mesures d’apaisement de la circulation, cheminements piétons, traversées sécurisées…) ;
    • Des trajets entre le domicile et l’école (mise en place de corridors scolaires, de pédibus…) ;
    • Des abords de l’école (dépose-minutes aménagés et éloignés des zones fréquentées par les piétons, zone  30, présence de personnes aidant à traverser…).