Accès aux équipements et activités économiques

Les questions de l’accès aux équipements et à l’emploi sont au cœur des projets d’aménagement et de renouvellement urbain. La disponibilité d’une offre d’équipements et services variée et de qualité est un facteur déterminant de la qualité de vie des habitants et de l’attractivité d’un territoire. Les habitants des quartiers prioritaires sont, plus souvent que les autres, concernés par les problématiques de chômage, d’inactivité et d’insertion professionnelle.

 

Définitions, précisions

Accès aux équipements

  • Equipement : structure ou bâtiment public ou privé utile à la collectivité et qui répond aux besoins des habitants : formation, santé, culture, loisirs, mobilité, sport… ;
  • La présence d’équipements et services de proximité sur un territoire est essentielle :
  • C’est un facteur d’attractivité majeur pour un territoire, permettant à la fois de fixer la population et d’attirer de nouveaux habitants ;
  • La présence et l’accessibilité d’équipements est un déterminant de la qualité de vie des populations ;
  • La présence d’équipements de proximité contribue aux mobilités actives.

Voir fiche n°1 sur les mobilités actives et l’activité physique

  • En général, les personnes résidant en milieu urbain accèdent rapidement aux équipements et services de proximité. Ainsi, en 2016, dans les pôles urbains, les temps de trajet médians aux services de la vie courante étaient en moyenne 4 minutes (1) ;
  • Cependant, en 2015, 1 habitant en quartier prioritaire sur 4 déclarait manquer d’équipements dans son quartier (25 %), une proportion plus élevée que dans les autres quartiers des unités urbaines environnantes (17 %) (2) ;
  • Les quartiers prioritaires concentrent des populations avec des besoins de soins souvent importants (populations défavorisées, populations avec un état de santé dégradé, populations vulnérables : personnes âgées isolées, nourrissons, familles monoparentales) ;
  • Les quartiers prioritaires souffrent globalement d’un déficit d’offre de soins de proximité. Ainsi, en 2012, la densité en professionnels de santé de proximité (médecins généralistes, chirurgiens-dentistes, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes et sages-femmes) était 1,8 fois inférieure dans les quartiers prioritaires que dans les unités urbaines englobantes. Le déficit en médecins spécialistes était encore plus marqué, avec 3,2 fois moins de spécialistes présents dans les quartiers prioritaires qu’au sein des unités urbaines englobantes. Cet écart était particulièrement marqué pour les psychiatres, les gastro-entérologues et les ophtalmologues (3).

Accès aux activités économiques

  • L’attractivité économique peut être définie comme la capacité d’un territoire à attirer des ressources spécifiques provenant de l’extérieur, activités nouvelles avec les emplois qui y sont attachés, ou compétences professionnelles particulières, notamment des travailleurs qualifiés (4) ;
  • Les quartiers prioritaires ont principalement une fonction résidentielle. Plusieurs études ont montré que le tissu économique de ces quartiers était moins dense que celui des unités urbaines environnantes (5) ;
  • La faible attractivité économique des quartiers prioritaires s’explique notamment par leur mauvaise image, fortement liée aux problèmes de sécurité et de tranquillité publique, et à certaines de leurs caractéristiques territoriales (enclavement, forme urbaine, manque d’accessibilité et de stationnements…).

Principaux déterminants de l’accès aux équipements et aux activités économiques

L’accès et la fréquentation des équipements, tout comme la possibilité d’accéder à un emploi, ne dépendent pas uniquement de la présence des équipements et d’une activité économique sur ou à proximité du territoire. D’autres facteurs liés notamment aux caractéristiques du quartier et des équipements, objectives et perçues par les habitants, peuvent rentrer en ligne de compte.

Les principaux déterminants de la fréquentation des équipements sont :

  • La qualité, l’accessibilité et l’attractivité de ces équipements : pour être fréquentés, les équipements doivent répondre aux besoins de la population, être rapidement et facilement accessibles depuis le domicile. De plus, la gratuité des équipements favorise leur fréquentation ;
  • La concentration des équipements : la concentration d’une variété d’équipements sur un territoire restreint favorise leur fréquentation ;
  • La sécurité objective et perçue : si les habitants ne se sentent pas en sécurité dans ou aux abords d’un équipement, ils ne le fréquenteront pas ;
  • La visibilité des équipements (signalétique, visibilité depuis la rue…).
  • Les principaux déterminants territoriaux de l’accès à l’emploi dans un quartier sont liés à :
    • La distance physique à l’emploi, c’est-à-dire à la présence d’emplois à une distance raisonnable du lieu d’habitation et à leur accessibilité en un temps modéré ; la desserte en transports en commun est notamment un facteur facilitant ;
    • L’image du quartier : la présence d’entreprises sur un territoire et son développement économique sont en partie conditionnés par l’image et l’attractivité du territoire (6).

Impacts sanitaires de l’accès aux équipements et activités économiques

L’impact de l’accès aux équipements sur la santé des populations ne doit pas se résumer à la simple question de la présence ou l’absence d’une offre de soins à proximité du lieu de résidence. Le niveau et la qualité des équipements dans un quartier peut également avoir un impact sur la santé de façon plus indirecte, par le biais des relations et de la participation sociale au sein d’un quartier.

  • Les équipements de proximité jouent un rôle indéniable dans l’animation urbaine, le service aux habitants et le développement du lien social. La faible présence ou fréquentation de ces équipements prive les usagers de tous les apports et offres de ces structures (activités sociales et culturelles, espaces de rencontres, activités de loisirs ou de sport, démarches administratives…) et constitue de plus un facteur de fragilisation socio-économique, et notamment des populations qui sont déjà les plus modestes. Elle participe ainsi à l’isolement social des personnes, et influe potentiellement la santé mentale et le bien-être des habitants ;
  • Les difficultés d’accès aux soins peuvent conduire à un retard de diagnostic ou de prise en charge, voire décourager les populations à recourir aux soins ;
  • Le développement socioéconomique permet de renforcer les potentiels individuels et collectifs et contribue à l’amélioration du capital social et économique des individus et des communautés. Le développement socioéconomique participe donc à l’amélioration de la santé en conférant les moyens de répondre plus adéquatement aux besoins primaires (tels que se loger, se nourrir, se vêtir et se déplacer) et secondaires (tels que les activités de loisir et de détente).

Zoom sur les populations vulnérables

Les personnes à mobilité réduite

  • Les personnes âgées, les personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap, les parents avec poussettes peuvent connaître des difficultés d’accès spatial ou physique aux équipements et services qui sont souvent inadaptés aux mobilités et aux besoins spécifiques de ces populations.

Les personnes en situation de précarité

  • Les personnes en situation de précarité, les personnes isolées, ou encore les personnes ne maîtrisant pas le français peuvent rencontrer des difficultés dans leur accès aux équipements et services et notamment dans leur accès aux soins (7) ;
  • Certaines populations peuvent cumuler des difficultés d’accès (âge et mobilité réduite, précarité, obstacles culturels…) ce qui freine d’autant plus la fréquentation des équipements et le recours à l’offre proposée.

Pistes d’action qui pourraient être envisagées pour favoriser l’accès aux équipements et à l’emploi

Augmenter l’accessibilité, la visibilité et la qualité des équipements existants pour les rendre attractifs et favoriser leur fréquentation

  • Favoriser la desserte et l’accessibilité des équipements présents dans le quartier pour tous, y compris pour les populations aux besoins spécifiques (personnes à mobilité réduite, personnes en situation de handicap, enfants) :
  • Prévoir une desserte par le biais de mobilités douces pour les équipements structurants du quartier ;
  • Prévoir des stationnements à proximité des équipements ;
  • Prévoir des accès pour les personnes à mobilité réduite : rampes d’accès pour les personnes en fauteuil, alternatives aux escaliers, signalements sonores… ;
  • Augmenter la lisibilité et la visibilité des équipements sur le territoire, pour les habitants comme les personnes extérieures au quartier, à l’aide de :
  • Dispositifs d’éclairage ;
  • Signalétiques au sein et aux abords du quartier ;
  • Réunions d’information pour les habitants du quartier.
  • Réfléchir à la pertinence de l’offre au regard des besoins : analyse des besoins sociaux, démarches participatives, association des usagers à l’élaboration des projets de service… ;
  • Assurer la sécurité dans et aux abords des équipements du quartier.

Favoriser l’implantation de nouveaux équipements et services et la création de nouveaux emplois

  • Identifier les besoins et attentes des habitants en matière d’équipements (appui sur les documents existants, concertation des habitants…) ;
  • Prévoir un regroupement des équipements en cœur de quartier, pour favoriser leur visibilité et fréquentation ;
  • Favoriser l’entrepreneuriat et l’émergence de projets adaptés au contexte du quartier, en proposant des accompagnements dédiés par des associations d’aide aux entrepreneurs ;
  • Encourager par exemple la création d’entreprises en économie sociale et solidaire dans les quartiers prioritaires.